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Je m’appelle Pierre Aldebert. Je suis un chercheur retraité du CNRS qui a terminé sa carrière en faisant de la vulgarisation.

Les deux tiers de ma vie de chercheur, soit une trentaine d’années, ont été consacré à la recherche fondamentale, ma première passion. J’ai toutefois toujours été intéressé par la vulgarisation scientifique, sous toutes ses formes.

Lorsque j’étais thésard au four solaire d’Odeillo-Font Romeu, dans les années 70, j’ai fait des conférences sur l’énergie solaire pour animer les soirées d’après ski dans des hôtels de la station. Mon public était des skieurs plus interessés par la science que les boîtes de nuit. J’ai même été invité par le Lion’s club de la ville d’Angoulême qui n’était pas encore la capitale de le la BD. J’ai continué ma thèse à l’ILL (Institut Lauë-Langevin), l’emblématique réacteur nucléaire de recherche de Grenoble. J’ai également poursuivi mes prêches sur l’énergie solaire en donnant des cours de maîtrise à l’Université Joseph Fourier de Grenoble (devenue aujourd’hui l’Université Grenoble Alpes). Elle était déjà reconnue comme énergie renouvelable et non polluante.

C’était aussi l’époque de René Dumont, le premier candidat écologiste qui se présentait à une élection présidentielle, celle de 1974 où il ne fit que 1,32% des voix. Ce prophète aujourd’hui oublié parlait déjà d’énergies renouvelables parmi lesquelles l’énergie solaire.

Il y avait aussi Reiser le génial dessinateur déjà très connu pour ses planches dans Hara-Kiri puis Charlie hebdo. Avec ses chroniques sur l’énergie solaire solaire, il fut l’âme de l’éphémère « La Gueule Ouverte », la première publication écologiste dont l’humour corrosif mal compris fut l’une des causes de sa disparition. Reiser devint mon ami à l’issue de l’historique congrès de 1973 « Le soleil au service l’homme » qui ne déboucha sur rien comme les plus récentes « conférences climat ». Passionné par toutes les sciences, il fut sa courte vie durant un créateur qui inventa, entre autres, un avion solaire précursseur de l’actuel « Solar Impulse ».

De fin 1981 à début 1982, Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de la recherche et la technologie, organisa les « États généraux de la recherche et de la technologie ». Mon labo parisien de l’époque anima un stand dans le hall de la Maison de la Radio. Le but était de vulgariser nos travaux de recherche pour le grand public. Ma prestation vivante, sans prise de tête, fut à la fois appréciée par le directeur du labo et le public.

Mes exercices de vulgarisation suivants, grenoblois cette fois, se passèrent lors des salons TEC des années 90. Il en fut de même pour les Fêtes de la Science dès leur création en 1992 où en compagnie de mes doctorants, je vulgarisais à nouveau certaines expériences du labo CEA grenoblois qu’à l’époque je dirigeais.

L’année clé dans ma démarche de vulgarisateur est 1998. Pour la première fois, je présentais à une Fête de la Science des expériences ludiques basées sur le quotidien comme la mayonnaise, la petite cuillère dans la bouteille de champagne entamée ou encore la formation de petites ou grosses bulles dans des verres selon qu’ils étaient en verre ou en plastique. Le public se prit au jeu et une directrice d’école me demanda : « pourquoi ne viendriez vous pas dans les classes de mon établissement du CE1 au CM2 ? ». Banco, d’autant plus que le département de recherche fondamentale (DRF) du CEA-Grenoble décida de me donner le prix de la communication de la même année 98. Je fus d’autant plus flatté que j’étais un chercheur CNRS immigré du CEA !

L’heure de la science festive avait donc sonné pour moi et avant de découvrir l’ensemble des niveaux scolaires, de l’école à la fac, je ne commençais pas par le plus facile avec des gamins de moins de 10 ans.

A la même époque, je deviens chargé de communication toujours à Grenoble. A ce poste, je pris de plus en plus de plaisir à écrire des articles de vulgarisation pour différents médias, en particulier les journaux internes d’instituts de recherche variés. L’humour y était toujours de mise comme vous pourrez le constater dans ceux qui vont suivre. De plus en plus impliqué dans la vulgarisation, ma carrière au CNRS se poursuivit, mais à nouveau dans un laboratoire de recherche (le CERMAV) où je fus le médiateur scientifique à temps complet pour le département des sciences chimiques du CNRS. J’ai ensuite continué de fréquenter écoles, collèges, lycées mais aussi de participer à des festivals et autres événements scientifiques.

Hier dans mes « gouters des sciences » et aujourd’hui au travers de ma structure « sciencefestiv », je continue de mettre en scène de la science. Je la présente quasiment toujours d’une façon décalée, joyeuse et humoristique, en un mot festive. Cela ne m’empêche pas de veiller en toutes occasions à la même rigueur scientifique que dans mes publications scientifiques. Je serais presque tenté de dire au contraire dans la mesure où la science vulgarisée est souvent le socle sur lequel se construit un enseignement plus académique. C’est vous, scientifiques ou non, qui me jugerez au travers de ce qui va suivre.

Allez, assez de blabla et place à la science festive…