Qu’est ce que la vulgarisation ?

La vulgarisation est en fait une manière de faire passer de la connaissance à un public de non spécialiste d’un domaine particulier. Elle peut se présenter sous des formes variées selon la discipline traitée, qu’elle soit intellectuelle ou technique ou souvent une intrication des deux. La vulgarisation scientifique qui utilise des concepts, des raisonnements, des lois, ne peut se passer de vérifier leur validité en utilisant des techniques expérimentales adaptées. Dans cet ordre d’idée nous avons des scientifiques plutôt théoriciens et d’autres plutôt expérimentateurs. Chacun sait qu’Einstein était un théoricien mais ce sont des scientifiques expérimentateurs qui ont vérifié sa théorie de la relativité restreinte à savoir que plus l’on va vite plus le temps est court. C’est ainsi que deux horloge atomiques identiques, l’une au sol et l’autre dans un satellite on montré la désynchronisation temporelle prévue par Einstein. La vulgarisation, avec des mots simples, et des périphrases imagées, doit rendre compréhensible des phénomènes complexes, d’expliquer certaines théories puis de les vérifier expérimentalement en utilisant la démarche scientifique.

A présent juste une petite mise au point à propos des expressions de « vulgarisation scientifique » ou de « vulgarisateur scientifique ». Ils ne me plaisent guère dans la mesure où ils proviennent du dévoiement de l’étymologie latine « vulgaris ». En effet du sens primitif de « lié au peuple » le mot s’est vu associé à des comportements caractéristiques ou supposés tels du peuple comme grossièreté, abjection, muflerie, bassesse…au final vulgarité. Je pense qu’à la place de « vulgarisation scientifique » la traduction en français de l’expression anglo-saxonne « popularization of sciences » serait préférable. En l’absence de connotation négative les dénominations de « popularisation scientifique» ou « popularisateur scientifique » me semblent induire une dynamique plus enthousiasmante que « vulgarisation ou vulgarisateur scientifique ».

Pour revenir encore à la même page de la gazette, on peut y lire que j’ai terminé ma carrière en tant que « Médiateur scientifique » pour les Sciences Chimiques du CNRS. Étymologiquement le mot « média » signifie passeur de message comme se doit être un popularisateur de science. L’on sait aussi qu’un médiateur est une personne qui gère des différents entre des personnes. Lorsque ces personnes sont essentiellement des chercheurs, je vous laisse imaginer les quiproquos mi sérieux, mi humoristique que j’ai parfois connus.

Une vulgarisation nécessaire

Le médiocre niveau des élèves français dans les disciplines scientifiques est un constat issu d’un certain nombre d’études fiables. PISA (Program for International Student Assessment, est un programme qui évalue le niveau d’élève d’une quinzaine d’années, typiquement la 3e en France, dans plus d’une soixantaine de pays, développés ou non. Un classement triennal par discipline est publié et le dernier qui date de 2012 place la France à une peu glorieuse 26e place en sciences.

Tout semble indiquer que le classement 2015 ne sera pas meilleur voir pire. Ce résultat montre que l’écart se creuse entre les bons élèves et les décrocheurs. Attention au phénomène trompeur des pelotons de tête qui sont en nombre suffisants pour donner la future élite dont notre pays a besoin. Notre système éducatif se révèle malheureusement impuissant à combler ce dramatique écart qui conduit à se poser la question du devenir de ces bas de classe. On peut ainsi dire qu’au-delà de leurs origines sociales un enseignement scientifique trop abstrait et déconnecté de la réalité quotidienne contribue au décrochage.

La vulgarisation est une autre approche des sciences qui ne réglera pas tous les problèmes. Toutefois, c’est surement l’une des meilleures façons de faire progresser la connaissance et cela au bénéfice de tous, élèves ou pas. C’est en ce sens que la vulgarisation scientifique me semble une nécessité.